Bayonville-sur-Mad. Séverine se bat pour son fils autiste : « Le collège a un effet tellement positif sur lui »

Séverine Cunego a vu un changement radical. « Durant ses années de primaire, j’ai eu beaucoup de mal à sortir Évan de son lit le matin. Là, depuis qu’il est rentré en sixième au collège de Pagny-sur-Moselle, il se lève tout seul, met ses chaussettes, ses chaussures tout seul. Ça me fait tellement plaisir de voir ça. » La maman de 44 ans retrouve le sourire l’espace d’un instant. Et pourtant, la semaine précédant le 1er septembre, l’habitante de Bayonville-sur-Mad apprend qu’il manque une dizaine d’accompagnants d’élève en situation de handicap sur le secteur. « Sans AESH, il est impossible que mon fils suive une scolarité normale. »
Évan a été diagnostiqué autiste à l’âge de 3 ans. À son entrée en petite section, le garçon ne prononçait pas un mot, avait de grosses difficultés à tenir un crayon, mettait ses mains sur ses oreilles quand il y avait trop de chahut et se balançait d’avant en arrière. « On a eu le diagnostic par le CMP (centre médico-psychologique) au bout de six mois. La directrice qui était très attentive est parvenue à faire venir une AESH au bout d’une semaine. »
À l’époque, Évan est scolarisé à l’école maternelle de Villers à Rombas. Il doublera sa grande section, alors qu’il est à l’école des Petits Lutins à Hagondange-cité. Et passera en CP à l’école du Parc à Amnéville en classe Ulis. À l’été 2024, la séparation avec le père d’Évan conduira Séverine dans le Rupt-de-Mad. Mais n’ayant pas le niveau CM2, Évan entre en CE1-CE2 à Vandelainville, en septembre. Il est alors suivi par une AESH à hauteur de 20 % de son temps scolaire. « Il y avait une fille en service civique qui pouvait l’aider aussi. »
Autrefois employée à la piscine d’Amnéville, la maman a été contrainte d’arrêter de travailler. « Comment expliquer à son employeur que l’on doit régulièrement partir pour récupérer son enfant qui est trop fatigué ou qui a fait une crise à l’école ? » Pour vivre, la Meurthe-et-Mosellane touche le RSA, une somme de 150 € au titre de l’allocation d’éducation de l’enfant handicapé, ainsi qu’un complément de 200 €. Évan a trois sœurs de 18, 19 et 22 ans. « J’avais envoyé un dossier à la MDPH pour pouvoir bénéficier de l’allocation journalière de présence parentale, ce qui m’aurait permis de rester à la maison pour m’occuper de lui. Mais pour eux, son handicap n’est pas assez lourd… » Alors, en parallèle de la création de son entreprise de confection de bougies artisanales, Séverine va tenter de trouver un emploi compatible avec sa situation.
Ce qu’elle regrette, c’est l’instabilité de la situation. « Cette année, Évan a obtenu une AESH sur 75 % de son temps scolaire. Le mardi, il ne va pas à l’école. C’est le rendez-vous avec l’orthophoniste. » Elle voit approcher le mois d’octobre et le passage devant l’équipe de suivi de scolarisation, qui va définir ses besoins pour la rentrée 2026. « C’est toujours un moment terriblement stressant. S’ils ne lui accordent pas d’AESH , en gros le mardi soir, il sera trop fatigué et on pourra oublier le reste de la semaine. »
Pourtant, la maman retrouve espoir lorsqu’elle voit ses excellents résultats en anglais et son bon niveau en maths. « Le collège, c’est quatre ans et j’aimerais tellement qu’il continue à y aller avec autant de plaisir. »
Le Républicain Lorrain